Article invité rédigé par Mélanie, du blog Wonder Wild Queen
Connaissez-vous Aerosmith? Il s’agit d’un groupe de rock américain un peu vieillot, mais aux paroles toujours aussi efficaces. En 1973, ils sortirent l’un de leur plus grand succès : Dream on. Dans cette chanson, on retrouve une phrase lourde de sens « You got to lose to know how to win » (Traduisez « Tu dois perdre pour savoir comment gagner »). En entendant ça, j’ai compris quelque chose. La médiocrité peut vous faire changer de vie.
Si si, je vous assure, je n’essaie ni de vous embobiner, ni de vous vendre quelque chose. Médiocre est un mot qui m’a aussi souvent apeurée, lourd de sens et synonyme de mauvaises choses. Quand on me dit que la qualité d’un produit est médiocre, je vais rarement l’acheter pour essayer. Pourtant, il y a un véritable potentiel caché dans ces huit lettres. Un jour, j’ai décidé de cultiver « le médiocre », comme une fleur fanée que j’arroserais tous les jours afin d’en faire quelque chose de parfait et de beau.
J’ai récemment fait une étude sur mon blog, afin de mieux cerner les problèmes de mes lecteurs, et la plupart des personnes y ayant répondu ont admis manquer de confiance en eux. Pour ces personnes, je prescris la méthode dont je vais vous parler pour exploiter au maximum leurs lacunes et en faire quelque chose d’absolument pathétique. Oui, ça parait très étrange dit comme ça, mais rassurez-vous, j’ai une idée derrière la tête.
Définissons en premier lieu ce terme qui fait trembler la grande majorité d’entre nous : insuffisant, sans intérêt, qui a peu de talent, qui est de faible valeur. Quel est l’intérêt pour vous de produire des choses insuffisantes et de faible valeur ? Et bien c’est très simple : vous allez très facilement le rendre meilleur, voire même excellent. Le manque de confiance en vous vous empêche de faire de bonnes choses. Ou plutôt, vous empêche de réaliser que vous savez faire de bonnes choses. Avouez-le, ça vous bloque, et peu importe ce que vous ferez, vous aurez le sentiment d’avoir échoué.
Prenons ici en exemple, un commentaire à rédiger sur un quelconque blog qui parle des gens de mauvaise humeur le matin, dans les transports en commun. Si j’écris : « Bonjour X. J’aime beaucoup cet article, tu as raison, les gens sont vraiment malpolis le matin dans le train. »
Vous devez vous dire que c’est basique. Maintenant, si j’écris ceci : « Salut X. Cool l’article. T’as raison ! » Vous devez trouver ça nettement moins bien.
Dernière modification : « Bonjour X, et merci pour cet article de grande qualité ! Complètement d’accord avec toi, les gens prouvent leur mauvaise humeur en étant désagréable voire même irrespectueux le matin dans le train. De quoi bien commencer la journée ! »
Allez, admettez-le. En comparant avec la version précédente, ça ressemble presque à du pur génie. Voilà pourquoi vous devez tirer profit du médiocre. Quelque chose de complètement raté est tellement plus facile à améliorer que cela va vous regonfler l’égo, particulièrement si vous n’êtes jamais complètement convaincu de votre travail. Si vous donnez le maximum de vous-même dès le départ, je vous assure que vous serez mille fois moins fier que si vous ne partiez de rien.
La médiocrité peut réellement vous sauver. Je vous conseille en un premier temps de cultiver cette méthode un maximum. Vous verrez de quoi vous êtes capables, ce que vous savez faire. Bien sûr, cela ne fonctionne pas uniquement avec des écrits. Les émissions de télévision du type « C’est du propre » ou « Relooking » ont bien compris cet art du médiocre. En effet : plus l’appartement est dégradé, plus le modèle est laid ou négligé, et plus l’audience monte. Les photos avant/après sont une belle preuve de ce que j’avance : mieux mises en valeur lorsqu’on démarre d’une extrême insuffisance, même si on termine par quelque chose de basique.
Voyez où je veux en venir : J’ai longtemps eu des notes proches du zéro en maths au lycée, et quand j’ai voulu m’y mettre, je suis vite grimpée à 15. Tous mes professeurs étaient fiers de moi et me couvraient de compliments. Une de mes amies, elle, avait toujours eu 15 de moyenne, et lorsqu’elle a terminé l’année à 17, elle a été félicitée mais beaucoup moins que moi.
Attention tout de même à utiliser cet art avec parcimonie ! J’avais, au départ, tendance à vraiment faire le plus médiocre possible, et bien sûr, en faisant cela, j’ai énormément augmenté ma charge de travail. Considérez ceci plus comme un exercice pour vous prouver ce que vous êtes capable de faire et vous aider à ne plus douter de vos capacités.
Avoir confiance en soi n’est pas une chose facile, mais ceci m’a énormément aidé à prendre conscience de ce que j’étais capable de faire. Maintenant que j’ai gonflé mon estime, je n’utilise quasiment plus cet méthode et j’essaie de me faire le maximum confiance pour ne pas perdre de temps. Parfois, je pousse même le vice jusqu’à « oublier » volontairement de me relire.
J’aime y aller au talent, et je n’ai plus peur d’être insatisfaite, car je sais désormais transformer les choses insuffisantes et sans intérêt en jolies fleurs. N’oubliez pas cette phrase « You got to lose to know how to win ». Vous avez appris à perdre en étant médiocre, et vous savez maintenant comment gagner. Ne gâchez pas votre temps éternellement à faire du laid pour le transformer en beau et savourer la transformation.
Vous savez désormais ce dont vous êtes capables, alors allez-y d’emblée, et n’utilisez le médiocre qu’en cas de gros doute. Gain de temps et de confiance garanti.
J’espère par le biais de cet article, vous avoir prouvé que ce que vous produisez peut constamment être meilleur. Si vous doutez encore, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux brouillons de Balzac. Il ne fait nul doute qu’il a lui aussi transformé le médiocre en excellence.
Certes, sa « médiocrité » devait être largement inférieure à la nôtre, mais plus vous exercerez, plus vous serez bon, en écriture comme dans votre vie personnelle.
Ayez confiance en vos qualités et n’utilisez vos défauts qu’en dernier recours. Vous êtes loin d’être incapable, n’oubliez pas ça, ce serait une terrible erreur. Montrez ce que vous savez faire, et si vous n’y arrivez pas, faites exprès de perdre un petit peu. Il est toujours appréciable de tricher un chouia, avec bien sûr, une insolence triomphante.