Avez-vous déjà constaté combien les ninjas sont doués pour se fondre dans la nuit afin de mener à bien leurs missions top secrètes ?
Avec eux, le camouflage c’est tout un art !
Ces guerriers légendaires ont peut-être disparu depuis bien longtemps, mais une nouvelle espèce de ninja a repris le flambeau, cette fois dans les entreprises : il s’agit du procrastinateur ninja !
C’est quoi un procrastinateur ninja ?
Un procrastinateur ninja est un employé qui maîtrise à la perfection l’art d’éviter le travail sans éveiller les soupçons.
Ainsi s’adonne-t-il avec joie à la procrastination, cette manie de remettre au lendemain ce qui pourrait être fait le jour même.
Il connaît toutes les ficelles pour passer sous le radar :
- séances de surf clandestines, les doigts toujours prêts à basculer vers un écran de travail factice.
- petites siestes à la dérobade, la main posée sur les yeux, faisant mine de réfléchir à un problème très compliqué.
- ou encore maîtrise de l’art du « story telling », très utile pour expliquer aux supérieurs les contretemps qui ont retardé la progression du travail.
Grâce à ce comportement, le procrastinateur ninja parvient à dérober, par-ci, par-là, quelques moments agréables au milieu de sa journée de travail.
Le revers de la médaille
Cependant, bien rares sont les procrastinateurs ninjas qui durent. Car à mesure que le travail s’accumule, continuer à procrastiner devient un challenge très complexe.
Certains croient trouver la parade en employant les grands moyens. C’était le cas Bob, un développeur américain qui avait engagé une armée de chinois pour faire le boulot à sa place. Il recevait régulièrement les félicitations de sa hiérarchie pour son excellent travail… jusqu’à ce qu’ils découvrent le pot-aux-roses.
Je vous laisse imaginer les dégâts sur sa réputation !
Non vraiment, être un procrastinateur ninja est un boulot plutot ingrat. Certes, les petits plaisirs auxquels on cède mettent du baume au coeur lorsqu’on se chiffonne les neurones sur des tâches aux allures de casse-tête insoluble.
Mais ces moments de soulagement sont temporaires. Il ne font que retarder l’affrontement final avec la pile de travail qui nous observe du coin de l’oeil.
Lorsque la date limite approche, le procrastinateur ninja regrette tout à coup toutes ces envolées clandestines qui l’ont mis dans le rouge. Il se retrouve dos au mur, contraint d’agir en catastrophe sous le coup d’un énorme stress de dernière minute.
Mais alors, quelles sont les motivations du procrastinateur ninja ?
Motivation intrinsèque et motivation extrinsèque
En psychologie, on distingue deux types de motivation :
- La motivation intrinsèque, où l’employé est guidé principalement par sa passion pour son travail, et le plaisir qu’il tire chaque jour des tâches qu’il accomplit.
- La motivation extrinsèque, où l’employé a besoin d’éléments externes à son travail pour se motiver, tels qu’un système de récompenses et de punitions.
Comme vous l’aurez deviné, le procrastinateur ninja est principalement guidé par la motivation extrinsèque. Il a besoin qu’un superviseur soit toujours dans les parages pour se mettre au travail.
Livré à lui-même, il succombe encore et encore à la tentation de diverger de ses tâches.
Cela ne veut pas dire qu’il déteste son travail. Mais il n’est pas conditionné pour travailler de manière autonome.
Plusieurs raisons peuvent être avancées :
- un superviseur tyrannique : faire de la résistance passive en jouant les procrastinateurs ninjas, c’est toujours mieux que de courber l’échine
- un manque d’encadrement et de feedback : privé de retour d’expérience pour mesurer son succès, il se dit « à quoi bon », et se décourage rapidement
- des passions concurrentes : il ne peut s’empêcher de s’adonner à d’autres activités qui lui semblent bien plus gratifiantes
Retrouver le plaisir au travail
Depuis que j’étudie la procrastination pour mon nouveau projet de livre Agir pour de bon (en cours actuellement), je me suis demandé ce que pouvait être le contraire de la procrastination.
Spécialement lorsque la procrastination devient une habitude, un réflexe courant pour échapper temporairement à ses responsabilités, quel est donc le contraire de cette manie ?
On pourrait dire : le courage, la détermination, la volonté, la régularité au travail. Mais cela níest pas toujours vrai, car le procrastinateur sait aussi faire preuve de ces qualités, en particulier lorsque la date limite approche 🙂
Vous avez sans doute remarqué qu’une habitude se forme à partir du moment où l’on souffre quand on ne réalise pas cette habitude.
Par exemple celui qui a pris l’habitude de se laver les dents ressent un malaise lorsqu’il doit se coucher sans se laver les dents, celui qui court tous les matins est frustré s’il ne réalise pas sa course quotidienne.
Dans le cas de la procrastination, celui qui en a pris l’habitude a donc mal lorsqu’il ne procrastine pas. Et que fait-il lorsqu’il ne procrastine pas ? Il travaille n’est-ce pas ? Le procrastinateur a donc mal quand il travaille : il souffre au travail.
Du coup, l’antidote est simple : retrouver le plaisir au travail. Simple à dire, mais en pratique beaucoup moins.
Voici quelques pistes si vous désirez tordre le cou à la procrastination :
- Décomposer les tâches en étapes enfantines
- Se faire épauler par son équipe pour accélérer sa progression sur les tâches complexes
- Evacuer régulièrement le stress des sessions de travail
- Désamorcer les querelles avec les collègues de bureau
- Utiliser de bons outils
Et vous, que faites-vous pour doper votre plaisir au travail ?
Alexandre Philippe est l’auteur du blog C’éclair ! L’efficacité au quotidien, qui vous aide chaque semaine à rester scotché à vos objectifs.