Le fait de procrastiner engendre chez une majorité de personnes une importante culpabilité. Souvent à juste titre, la procrastination est considérée comme un défaut à combattre. S’il est vrai que la procrastination ne doit pas devenir une habitude, faut-il s’autoriser à procrastiner de temps en temps ? Si oui, pourquoi et en quelles circonstances ? Découvrez dans cet article quelques justes nuances à connaître sur la procrastination !
La procrastination, c’est quoi exactement ?
La procrastination, c’est remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui. Il s’agit donc de préférer différer une action plutôt que de l’effectuer dans l’immédiat.
La procrastination est souvent exercée face à quelque chose que l’on n’a pas envie de faire. Elle permet ainsi de repousser l’échéance. C’est une façon de se dédouaner provisoirement d’un problème. Il s’agit d’une fuite face à la difficulté ; souvent en faisant des activités ressenties comme plus agréables à la place de la tâche jugée problématique.
Ainsi, la procrastination s’apparente à la politique de l’autruche. Elle appelle à ignorer un problème pour ne pas avoir à l’affronter alors même que l’ignorance de ce problème ne le résout pas, voire le complique.
En effet, la procrastination ne fait que repousser une tâche qui devra, dans tous les cas, être exécutée un jour. Plus ennuyant encore, elle provoque également parfois une aggravation de l’impératif différé.
Par exemple, celui qui repousse sans cesse ses révisions au lendemain se retrouve la veille de l’examen à devoir tout apprendre dans l’urgence. La procrastination peut donc engendrer une accumulation qui va compliquer l’action initiale.
Pour cette raison, la procrastination est généralement considérée comme un défaut à résoudre. La procrastination est indéniablement une véritable problématique quand elle est systématique. Il existe cependant des situations dans lesquelles il est possible de s’autoriser à procrastiner.
Beaucoup d’articles sont consacrés, très justement, aux manières de combattre la procrastination. Plus originalement, nous allons passer en revue ici les circonstances dans lesquelles la procrastination peut devenir un bienfait !
Procrastiner pour mieux prioriser
Prioriser signifie accorder une importance préférentielle à une action plutôt qu’une autre. Avoir le sens des priorités, c’est donc être capable de classer par ordre d’importance les tâches à effectuer.
Il arrive fréquemment que nous ayons beaucoup de choses à faire en même temps. Dans cette société au rythme effréné, nous sommes régulièrement submergés par les obligations personnelles et professionnelles. Face à cette avalanche d’impératifs, il n’est pas rare de se sentir dépassé, voire impuissant. Ces sentiments engendrent du stress et peuvent même provoquer panique et angoisse.
Il faut d’autant plus noter que le stress, lorsqu’on le ressent au quotidien, est néfaste à terme. Il peut engendrer divers problèmes de santé physiques et psychologiques. Il est recommandé de le diminuer autant que possible.
Avoir le sens des priorités est donc une qualité ! Savoir prioriser, c’est savoir s’organiser. L’organisation permet de mener à bien toutes ses actions de manière plus sereine et réfléchie. Prioriser, c’est donc être pragmatique.
La procrastination, dans le cadre de la priorisation, est donc tout à fait acceptable sur un plan pratique. Retarder une action pour mieux en faire une autre qui s’avère plus urgente ou plus importante est un bénéfice sur le long terme.
On ne va cependant pas se mentir ! La majorité des fois où nous procrastinons, c’est uniquement parce qu’une action nous paraît trop désagréable. Notre objectif n’est donc pas de prioriser, mais juste d’échapper à la difficulté.
Cependant, nous pouvons procrastiner quand même intelligemment sans nous en rendre compte. C’est un mal qui engendre un bien. Il est possible qu’une autre action, du même niveau d’importance ou d’un niveau d’importance supérieur, soit disponible et que nous soyons aptes à nous y atteler.
Nous n’avons pas tous les mêmes envies au même moment. Il arrive de ressentir un grand manque de motivation pour une tâche en particulier mais beaucoup plus d’énergie pour une autre. Par exemple, celui qui n’a pas le courage de réviser peut finalement consacrer le temps qu’il aurait imparti à ses leçons pour trier ses papiers.
Il est donc toujours intéressant de se demander comment remplacer l’action que l’on n’a pas envie de faire par une autre action utile dont l’importance est, au moins, égale. Vous verrez qu’avec cette méthode, la procrastination ne sera plus une perte de temps. Elle deviendra plutôt une nouvelle façon de gérer son temps en corrélation avec son état d’esprit.
Procrastiner pour écouter son corps
L’importance du lien corps-esprit
Le corps et l’esprit sont intimement liés. Il y a une véritable connexion entre les problématiques physiques et les problématiques psychologiques. Autrement dit, les symptômes physiques sont souvent des signaux d’alerte concernant les souffrances de l’âme. Ils existent généralement en guise de clignotants visant à attirer notre attention sur un problème ou une blessure à régler.
Dans notre société qui se dit si développée, nous faisons pourtant souvent l’erreur de traiter les organes physiques comme s’ils étaient des entités autonomes. Nous en venons donc à soigner les symptômes d’un problème de santé plus que son origine. Pour imager, nous avons tendance à ne regarder que les feuilles de l’arbre et non ses racines. Raison pour laquelle beaucoup de personnes rencontrent de manière récurrente les mêmes problèmes de santé par exemple.
Il est donc primordial d’écouter quand son corps parle. Le corps est un indicateur. Il n’agit jamais au hasard.
L’importance de s’accorder des pauses
Il arrive d’être particulièrement fatigué au point de se sentir incapable de lever le petit doigt. Cet état s’accompagne généralement d’un manque total de motivation pour n’importe quelle corvée qui soit. Dans ces moments-là, notre seule envie est d’avoir recours à une activité de détente. Il peut s’agir de désirer tout simplement de ne rien faire. Il peut aussi s’agir de souhaiter faire quelque chose qui nous est agréable. Par exemple, se lover dans son lit devant un bon film.
Dans ces situations récurrentes, beaucoup de personnes ressentent de la culpabilité. Elles imaginent faire preuve de paresse ou de faiblesse. Parfois même, elles ne comprennent pas les raisons de cette impression de fatigue soudaine.
La question n’est pourtant pas de savoir si vous avez de bonnes raisons de vous sentir fatigué. La question est que vous vous sentez fatigué ! C’est un fait. Votre corps a parfois une longueur d’avance sur vous. Il sait ce que vous ne savez pas encore. Si votre être estime que vous avez besoin de repos, il faut l’entendre.
Dans ces instants-là, il n’est pas mauvais de s’autoriser à procrastiner. Notre société productiviste nous oblige, à tort, à penser que nous devrions toujours être actifs et rapides. Ce n’est pas vrai. Nous avons besoin d’appuyer parfois sur la touche pause pour notre bien-être et notre équilibre.
Ces moments de détente ne sont d’ailleurs pas aussi improductifs qu’on veut nous le faire croire. A l’inverse, ils nous permettent de nous construire. Ils sont des instants de régénération propices au développement personnel.
Le plus important reste de savoir limiter la procrastination aux moments dans lesquels vous en ressentez véritablement le besoin. Il faut donc distinguer la simple paresse passagère de la véritable indisposition totale.
Écoutez vos intuitions profondes, elles ne vous tromperont pas !
Procrastiner pour mieux construire ses projets
Beaucoup de personnes se lancent à cœur perdu dans de multiples projets qui ne font pas leur bonheur. Elles agissent à toute vitesse, mais ne trouvent finalement jamais satisfaction dans l’aboutissement de leurs actions. Et si le problème était le fait de ne pas assez réfléchir et préparer avant d’agir ?
Plutôt que de faire la course à la réussite, généralement sous la pression sociale, il peut être intéressant de véritablement penser ses projets. Cette préparation passe par une solide réflexion sur le sens que vous voulez donner à votre vie. Les réponses nécessitent souvent du temps, et ce n’est pas grave !
Nous vivons dans un monde basé sur l’idée du travail à la chaîne qui nous somme d’aller toujours plus vite. Tout cela nous pousse à privilégier la quantité à la qualité. Il vaut pourtant mieux agir doucement mais bien que vite mais mal.
A une échelle plus grande, la procrastination peut donc avoir du bon. Elle vous permet de devenir une personne plus efficace. Ce au travers d’un projet qui a fait l’objet d’une réflexion longue, mais constructive. Il vaut mieux parfois reculer pour mieux sauter. A l’inverse de sauter et se noyer comme certaines personnes peuvent le faire.
Afin que ces phases de procrastination vous soient utiles, employez-les intelligemment. Penser ou préparer un projet, ce n’est pas rester sans rien faire. A vous les lectures, les recherches, les cahiers de notes et les échanges !
Cet article n’a pas pour objectif de faire un éloge aveugle de la procrastination. La procrastination peut effectivement devenir un handicap quand elle est systématique. Le but de ces quelques informations est plutôt de permettre un regard plus nuancé sur une pratique souvent réduite à ses aspects négatifs. Rappelez-vous que vous restez, dans tous les cas, le mieux placé pour savoir quand il vous paraît juste et bon de procrastiner !