Bonjour, c’est Romain du blog le Décodeur du Non-Verbal.
J’ai une question à vous poser. Quel est votre plus grand objectif personnel ? Prenez 10 secondes pour y réfléchir… Qu’est-ce que vous voudriez accomplir ? Qu’est-ce qui vous tient à cœur de réaliser ?
Il s’agit peut-être de créer votre entreprise, de courir un marathon ou bien encore de perdre 10 kg.
Imaginez maintenant que vous êtes en train d’atteindre cet objectif. Représentez-vous en train de dire à un proche ce que vous comptez accomplir. Ressentez maintenant le profond respect que cette personne peut avoir pour vous et la considération qu’elle vous porte.
Ça fait du bien de dire haut et fort ce que vous comptez accomplir, non ? C’est comme si vous aviez le sentiment que vous avez d’ores et déjà atteint votre objectif, qu’il fait désormais partie de vous-même.
Et bien j’ai une mauvaise nouvelle pour vous. Vous feriez mieux de vous taire car ce sentiment d’accomplissement va être un frein pour atteindre votre objectif.
Pourquoi garder pour vous vos objectifs ?
Cette idée de ne pas engager publiquement ses objectifs m’a été inspirée par Dereck Silver. A première vue, cette idée va à l’encontre de la plupart des recommandations qui incitent à déclarer publiquement ses objectifs. Certains blogs de développement personnel annoncent d’ailleurs la couleur : « Dîtes haut et fort ce que vous comptez accomplir ! En vous engageant publiquement, vous serez poussé par les autres à agir. »
Dans ce cas de déclaration publique, il s’exerce certes une pression poussant à agir. Cette pression est sociale et vous entraine à tenir vos engagements pour ne pas passer pour quelqu’un de versatile.
Seulement, il s’agit d’une pression sociale négative.
Au bout d’un certain temps, on ne souhaite plus accomplir ses objectifs pour soi-même mais afin de ne pas paraître inconsistant vis-à-vis de l’entourage. On est souvent amené à continuer puis à finalement abandonner car les raisons personnelles initiales conduisant à la réalisation de l’objectif sont occultées par cette pression sociale.
La seule personne envers qui l’on doit s’engager, c’est envers soi-même.
Pour atteindre un but, il y a des étapes clés à accomplir, du travail à faire pour l’atteindre. Votre objectif ne sera pas atteint si vous ne réalisez pas ces étapes. Mais si vous parlez de votre objectif à quelqu’un et que ce dernier le reconnaisse comme tel, voilà ce que certains psychologues disent : la déclaration publique de ses objectifs tend à les rendre moins aisés à se réaliser.
Votre cerveau vous joue un vilain tour
En déclarant votre objectif, votre cerveau agit d’une telle façon qu’il vous donne la satisfaction et l’impression que votre objectif est déjà atteint. Les félicitations de votre entourage, les regards d’admiration y contribuant. Hors ce n’est pas le cas : votre objectif n’est pas atteint. Vous ne l’avez peut-être même pas commencé. Cependant il faut savoir des fois se remettre en question.
C’est typiquement ce qui se passe lorsque quelqu’un décide d’arrêter de fumer et en parle autour de lui. « Le 21 septembre, c’est la fin de l’été, je vais arrêter de fumer. » Cette personne reçoit des encouragements immédiats de ses proches. C’est comme si elle s’était déjà débarrassée de son paquet et ne fumait déjà plus. Mais le 21 septembre, à votre avis, que se passera-t-il ? L’objectif sera-t-il atteint ? J’en doute fort car le processus d’arrêt du tabac nécessite des étapes et un travail psychologique à accomplir en amont qui sera occulté si le cerveau de cette personne pense déjà avoir atteint cet objectif d’arrêter.
En ressentant cette pré-satisfaction d’accomplissement, vous êtes bien entendu moins motivé pour faire le travail nécessaire. Votre inconscient pense qu’il est déjà fait.
D’ailleurs, des études scientifiques ont été réalisées sur le sujet.
Kurt Lewin, en 1926, a été l’un des premiers psychologues a montré l’importance du facteur environnemental (social) dans un développement des sciences sociales nommée l’Analyse de champ de force. Cette dernière regarde les forces qui soit induisent un mouvement favorable à la réalisation d’un objectif (forces qui aident), soit qui bloquent l’accomplissement d’un but (forces qui freinent). Enoncer publiquement son objectif fait partie de ces forces qui freinent.
Plus récemment, le psychologue allemand Peter Gollwitzer a fait de la question suivante son champ de recherche : « Comment les objectifs et la planification affectent le comportement et la connaissance ? »
Ça marche pour moi
Les objectifs personnels récents que j’ai atteints respectent cette règle de non-engagement public. Et bizarrement, ceux qui ont échoués respectaient l’autre. Sans rentrer dans ce clivage de bonne et mauvais méthode, il est facile de constater que l’approche de non-déclaration publique marche pour moi. Et très certainement également pour vous si vous l’essayer.
Mes objectifs récents déjà atteints (sans en parler à quiconque) :
– Apprendre l’espagnol
– Redevenir non-fumeur
– D’autre en cours, mais si je vous le dit, ne serait-ce pas un engagement public ? J
Mes objectifs non-atteints (en en discutant avec mes proches) :
– Prendre 7 kilos de muscles (ça c’était l’année dernière)
– L’organisation d’un événement musical national
Votre plus grande énergie pour continuer : les autres vous voit évoluer positivement et vous en font la remarque
Laissez les gens vous faire la remarque innocente que vous êtes en train d’atteindre votre objectif est 100 fois plus gratifiant que si vous l’énoncez avant qu’il ne soit réalisé. Imaginez que vous souhaitez perdre 10 kilos. Lorsque quelqu’un de votre entourage vous fera la remarque : « Dis donc, tu m’as l’air d’avoir perdu du poids ? », vous saurez que vous êtes sur la bonne voie et cela vous donnera encore plus d’énergie pour continuer.
Cela fait bientôt un an que j’apprends l’espagnol. Je n’ai jamais dit à mon entourage que je voulais l’apprendre et le parler. Chaque jour j’y travaille et je m’en rapproche. Ma plus grande reconnaissance a été de regarder un film totalement en espagnol avec une amie bilingue ou bien de recevoir des commentaires positifs sur ma compréhension lors de mon dernier voyage en Amérique Centrale. Pas besoin de dire à mon entourage que mon objectif est : « Je veux devenir bilingue espagnol », je le deviens progressivement.
Maintenant quoi faire pour accomplir votre prochain objectif ?
Vous avez plusieurs possibilités :
– Résister à la tentation de ne pas dire vos objectifs aux autres,
– Diminuer consciemment la reconnaissance sociale que l’annonce publique des objectifs vous apporte,
– Avoir conscience que votre cerveau confond la parole et l’action. Votre parole ne vous fait pas avancer vers votre but. L’action oui.
Si vous voulez vraiment énoncer vos objectifs, vous pouvez le dire d’une manière qui ne vous donne aucune satisfaction personnelle. Par exemple, si vous souhaitez courir un marathon, vous pourriez dire à un ami : « Il va falloir que tu me bottes les fesses pour que je fasse mes 3 séances par semaine. »
Et vous, quel est votre prochain objectif ?
…
…
…
Vous restez muet et tant mieux. Gardez votre objectif pour vous !
Et ne le postez pas dans les commentaires.
Mais racontez plutôt la première étape que vous avez faite et qui vous rapproche de votre objectif.
P.S. : C’était Romain, du blog le Décodeur du Non-Verbal. Je remercie grandement Charles de m’avoir donné la possibilité de faire paraître cet article sur Vie-Explosive et je vous remercie aussi, oui VOUS qui avez lu cet article !